this is the start of how it all ever end.
1992 Portland Les aiguilles de la vieille horloge de l’église indiquaient 5h45. Il était encore tôt, le jour allait se lever sous peu mais pour le moment la ville était plongée dans l‘obscurité et le calme le plus complet, quand un halo lumineux vint éclairer la ville encore endormi à cette heure-ci. A mesure que le rayon s'amenuisait, on pouvait entrevoir une jeune femme tenant tout contre son cœur, une petite fille emmitouflée dans un tas de couvertures brodées. On aurait dit deux anges tombés du ciel et ce n’était pas si bien dire : un être de lumière du nom de Milah et sa fille Kara une petite cupidon à en devenir plus précisément.
Avec sa fille dans ses bras, la jeune être de lumière marcha d’un pas ferme, en direction du numéro 31 où résidait un couple sans enfants mais désireux d'en avoir, Milah les avait observée pendant des heures avant de faire son choix.
Pour la jeune femme, le temps était compté, elle devait mettre sa fille en sécurité au plus vite. La communauté magique était en guerre, la quête du pouvoir ne désamplifiait pas et les attaques incessantes. Tout être magique était en alerte. Plus personne n'était en sécurité. Fondateurs et être de lumières avaient fuit pour leur propre survie. Seul un petit nombre d'entre eux, comme Milah, étaient restés repoussant les forces du mal, assurant la sécurité de leurs protégés, ce qu'elle n'était plus de toute évidence en mesure d'apporter à sa fille.
Mais à cet instant cet être aux dons surnaturels n'existait plus. L'espace de quelques minutes, seule sa fille comptait, pas de magie, pas de guerre, Milah était une mère à part entière.
Aux pieds des escaliers de la propriété, elle s’essaya, s'accordant une petite parenthèse pour dire au revoir à son enfant. Pendant un moment, elle resta immobile, à contempler sa fille déjà bien éveillée pour son âge, Kara regardait tout autour d’elle plus curieuse qu’effrayée avant de reporter son regard sur sa mère paisible, comme si elle comprenait la situation. Partagée entre amour et tristesse, Milah savait qu'elle prenait la bonne décision, mais ceci n'enlevait en rien la douleur qu'elle pouvait ressentir à la perspective d'abandonner sa fille. Milah prolongea l'instant encore quelques secondes avant de brusquer les choses, ne pouvant pas se permettre de prendre de risque plus longtemps.
« Pardonne-moi » Avec précaution, elle déposa Kara devant la porte, lui attacha autour du cou une petite chaîne puis glissa une enveloppe entre les couvertures. Son cœur se serra dans sa poitrine, sa respiration se bloqua et des larmes lui embuèrent le regard. C’était l’heure. Du revers de sa main, elle essuya les larmes qui à présent coulaient le long de ses joues, déposa un dernier baiser sur le petit front de sa fille, et se releva avant d'appuyer sur la sonnette. Des bruits de pas se rapprochant la fit fuir et elle disparue comme elle était venue dans une lumière bleuté non sans avoir jeté un dernier coup d’œil par dessus son épaule. Allait-elle la revoir ? Elle laissa planer la question sans pouvoir y apporter de réponse. Seul l’avenir le dira...
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1er Avril 2009 : Ce jour-là, une nouvelle journée pluvieuse était annoncée sur Portland mais qu'il pleuve, qu'il neige, chaque matin, c’est le même rituel pour Kara : première levée, d’abord elle prépare un vaste petit déjeuner, récupérant ensuite le journal qui trône sur la pelouse, qu’elle pose par la suite sur la table familiale de la cuisine avant de s’y attabler, déjeunant tandis que ses proches font leur apparition chacun leur tour. Ils s’étaient écoulé une quinzaine d’années depuis que les Nolan avaient trouvé Kara âgée d'à peine deux ans au saut du lit devant leur porte. A présent âgée de 17 ans jour pour jour, elle n'a plus rien d'une petite fille, adolescente bien dans sa peau, pleine de vie et autonome, Kara a parcourue du chemin depuis.
Les yeux peinant à rester ouvert, l’adolescente descendit au rez-de-chaussée, puis se dirigea vers la cuisine, première étape : la préparation du petit déjeuner, important pour bien débuter la journée. C’est alors que la sonnette de la porte d’entrée la fit revenir sur ses pas, brisant sa routine.
Qui cela pouvait-il bien être à cette heure-ci. Automatiquement, elle signala sa présence par un
« J’arrive » évitant ainsi que le mystérieux visiteur n’insiste davantage et ne réveille toute la maison par la même occasion.
Debout dans l’entrebâillement de la porte, Kara fut surprise de constater qu’il n’y avait personne.
Bizarre ! Elle était pourtant persuadée d’avoir entendu quelqu’un sonner. Pour s’en assurer, elle se pencha, sillonna du regard les alentours, tournant la tête de droite à gauche, poussant son champ de vision le plus loin possible, mais elle ne vit personne
Tant pis ! Alors que Kara s’apprêtait à tourner les talons, le regard dirigé vers le sol, cette dernière se raviva stupéfaite. Les yeux écarquillés, elle crut un instant que sa vision lui faisait défaut, car sur le porche de la maison, pile devant ses pieds se trouvait un écrin accompagnée d’une petite enveloppe sur laquelle figurait le prénom de l’adolescente.
Ok, là c’est bizarre. Qui sait, elle avait peut-être un admirateur secret. Cette pensée la fit sourire.
Kara repoussa quelques mèches brunes qui lui tombaient devant les yeux puis considéra l’anneau que renfermait l’écrin. Il était fin, serti de métal argenté, et sur la base, ornait une grosse pierre blanche arrondie.
Qui pouvait bien lui faire un tel cadeau? Kara se rappela alors que l’écrin était accompagnée d’une carte
« Fais en bonne usage. Bon anniversaire » Aucune signature donc aucune précision sur l'expéditeur. Celui-ci voulait sans doute rester anonyme. A vrai dire sur le moment, connaître l’identité du destinataire ne faisait pas partie des préoccupations de l’adolescente. De ses doigts fins, elle sortit l’anneau de sa boite et au moment où elle passa l’anneau à son index, la pierre s’illumina tandis qu'un vent frais la transperça, lui provoquant un flot de souvenir inconscient. Tout lui revenait distinctement de la déclaration d’état de guerre du monde magique, à l’acte désespéré de sa mère, la concernant, 15 ans plutôt. Sur le coup, l’adolescente marqua un mouvement de recul. Kara était donc un cupidon, née de l'union d'une être de lumière et d'un cupidon, et dont la destinée était de répandre l’amour sur terre. Sa magie venait de se réveiller après 15 longues années d'ombre. Le choc était dur à encaisser.
Alors que Kara refermait la porte derrière elle, tourmentée, la lumière du jour s’infiltrait à présent dans chacune des maisons de la ville. Kara ne l’avait pas remarquée, pourtant la grisaille du début de journée avait laissé place à un soleil éblouissant.
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Peu de temps après que Kara ait découvert sa véritable nature ainsi que ses origines, sa mère lui était également apparue, pour la mettre en garde et l'initier à son rôle de messager de l'amour. Kara apprenait vite et en un rien de temps, elle se retrouvait à former des couples à travers le monde, se souvenant de chacun comme s'ils avaient tous laissés en elle une trace indélébile. Néanmoins, il y a parfois des moments dans notre vie que l'on souhaiteraient oublier pour toujours et Kara n'échappait pas à la règle, cupidon ou non. C'était un couple, un homme, des sentiments, des moments de sa propre vie, même des années entières, tout ce qui pouvait lui rappeler cet homme et cette partie de sa vie que Kara voulait effacer de sa mémoire, enfin plutôt de son cœur parce qu'elle dû insuffler l'amour chez un homme dont elle était très proche et à qui elle tenait énormément. Il était son tout : à la fois son meilleur ami, son confident mais surtout son âme sœur. Et là était tout le problème: les cupidons ne tombent pas amoureux et encore moins de leur protégés.
Ce fut le moment le plus douloureux qu'elle ait vécue et encore aujourd'hui, vivant avec jour après jour d'autant plus que sa nature de cupidon ne lui laisse pas l'occasion d'oublier .